L'Algérie et DESERTEC

Publié le par Dr Hadroug Nasser

Par Lies Sahar / El Watan / 23 juin 2011

Désertec : L’Algérie décide de coopérer avec l’initiative Allemande


 La centrale électrique hybride gaz-solaire de Hassi R’mel.
le 23.06.11

La centrale électrique hybride gaz-solaire de Hassi...

Le 19 mai dernier, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, recevait, au siège du ministère à Alger, le PDG de Desertec Industrial Initiative, Paul Van Son.Auparavant, la délégation de Desertec avait été reçue au siège du groupe Sonelgaz.Le principe étant que ces initiatives apportent quelque chose au programme national de développement des énergies renouvelables.
Et évidemment avec la nécessité du transfert de technologie et la production localement des équipements nécessaires aux installations de production de l’ectricité à partir du solaire.

Après une polémique qui a duré  plusieurs mois sur l’adhésion ou non de l’Algérie au projet Desertec, une visite du président de la République,Abdelaziz Bouteflika, en Allemagne a donné lieu à des contacts entre les promoteurs de Desertec et des responsables algériens qui faisaient partie de la délégation officielle, notamment le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi.
Lors de la visite au mois de décembre 2010 en Allemagne, l’AFP avait rapporté que «le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont convenu de la mise en place d’une commission économique mixte, notamment pour développer la coopération dans le domaine des énergies renouvelables».

En précisant que «concernant la coopération avec l’Allemagne, le Président algérien a insisté sur l’importance du projet
Desertec, piloté par des entreprises allemandes, qui vise à créer d’ici 40 ans un vaste réseau d’installations éoliennes et solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, censé fournir à terme jusqu’à 15% de la consommation d’électricité de l’Europe».
«Nous travaillerons dans les énergies nouvelles à travers un projet colossal qui s’appelle projet Desertec, que nous allons approfondir d’un commun accord», avait-il déclaré, selon l’AFP. «Mme Merkel et M. Bouteflika devaient évoquer plus à fond ce dossier lors d’un déjeuner de travail à la chancellerie en compagnie de représentants des compagnies participant au projet», selon la même source. La visite des dirigeants de Desertec en Algérie avait déjà été annoncée par le ministre de l’Energie au mois de mars à l’APN.

Il avait réitéré la position du gouvernement qui est de travailler avec tous ceux qui apportent quelque chose au programme national de développement des énergies renouvelables comme le solaire. Avec, évidemment, la nécessité du transfert de technologie et la production localement des équipements nécessaires aux installations de production de l’électricité à partir du solaire.
Selon le communiqué officiel publié le 19 mai, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a exprimé au PDG de Desertec Industrial Initiative, Paul Van  Son, la disponibilité de l’Algérie à fonder avec les initiateurs de ce projet d’énergie solaire un partenariat à long terme.        

M. Yousfi a réitéré la position de l’Algérie vis-à-vis de ce projet lors d’un entretien avec le premier responsable de Desertec, tenu au siège de son département ministériel, selon la même source. Le ministre a expliqué que l’Algérie était prête «à entamer une coopération fondée sur un partenariat à long terme intégrant impérativement la fabrication des équipements industriels en Algérie, la réalisation de futures centrales solaires, la formation et la recherche développement avec les centres de recherches et laboratoires algériens.»
Sur un autre plan et selon le ministre, «ce partenariat doit également permettre à l’Algérie d’accéder aux marchés extérieurs pour l’exportation de l’électricité.»

Le programme des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, lancé par l’Algérie, a été présenté aux responsables de Desertec. M. Van Son a marqué, à ce propos, son intérêt pour cet ambitieux programme et a exprimé la disponibilité du consortium à apporter sa contribution à sa réalisation, selon le communiqué. Le communiqué qui annonçait que le groupe Sonelgaz et Desertec étudieront un projet d’accord de coopération dans ce sens a officialisé la relation.

 

 

Noureddine Boutarfa. PDG du Groupe Sonelgaz
«Nous adhérons à l’idée de Desertec»


le 23.06.11

-Des entretiens ont eu lieu récemment à Alger entre Sonelgaz et le PDG de Desertec. Sur quoi ont porté ces entretiens ?

Effectivement, une délégation de la Dii, la société issue de Desertec, a été reçue ici à Sonelgaz et les entretiens ont essentiellement porté sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour établir une coopération entre la Dii et Sonelgaz dans le domaine des énergies renouvelables. Donc, voilà l’objet essentiel de la visite, c’était celle-ci. Le deuxième volet, c’était de voir, à la demande de la Dii, à ce que Sonelgaz puisse rejoindre la Dii. Nous avons développé en tout cas notre point de vue quant à l’intérêt ou le désintérêt de la Sonelgaz d’être partie prenante de la Dii. Voilà essentiellement sur quoi ont porté les entretiens.

-Est-ce qu’on peut savoir pourquoi la Sonelgaz n’a pas adhéré à la Dii ?

Moi, d’abord, je dis toujours l’idée... Nous adhérons à l’idée de Desertec... en tant qu’idée.
Oui, le concept de fabriquer de l’électricité à partir de l’énergie solaire est une très bonne idée. Nous la soutenons et nous la soutenons depuis plusieurs années. Maintenant, Desertec en elle-même ce n’était qu’une idée. Même pas un concept.Même s’il y a eu création d’une société, nous n’avions pas compris quel pourrait être exactement le rôle de la Dii et ce que pourrait apporter la Dii à Sonelgaz. Dii est une société commerciale avec des sociétés de nature différente, des producteurs ou des transporteurs d’électricité. Des fabricants d’équipements qui sont en relation commerciale  et on voyait très mal la Sonelgaz être à l’intérieur.Disons d’être membre d’une société où les conflits d’intérêts risquent de nuire à sa présence. C’est un peu  cela l’essentiel, voilà pourquoi nous n’avons pas adhéré. Le deuxième volet, je vous le dis franchement, c’est le niveau de participation... 200 000 euros par an ne nous semblait pas être réaliste, alors qu’une association aurait pu faire l’affaire de même nature.

-Sonelgaz a été chargée du suivi du programme des énergies renouvelables, et, selon les autorités, Sonelgaz et Desertec étudieront un projet d’accord de coopération. Sur quoi va porter cette coopération ?

D’abord, je voudrais quand même éclaircir la situation. Les autorités, il faut dire la vérité, nous ont demandé d’examiner la coopération avec Desertec. Et comme Sonelgaz avait déjà reçu la délégation de Desertec, nous trouvions qu’il était possible de créer un canal de coopération à travers un protocole qui sera mis en place. Mais c’est un protocole essentiellement pour les échanges d’informations, d’idées et éventuellement pour  définir les modalités, les règles en cas de projet d’intérêt commun. Voilà, il faut quand même remettre à César ce qui lui appartient.L’Etat n’est pas en train de faire pression sur Sonelgaz comme on pourrait le comprendre. L’Etat soutient toute initiative qui pourrait favoriser le développement des énergies renouvelables et si la coopération avec Desertec, donc la Dii peut apporter quelque chose, pourquoi pas ?

-Comment Sonelgaz qui est chargée du suivi voit cette coopération à court, moyen et long termes ?

D’abord, nous nous avons une stratégie, nous pensons qu’aujourd’hui  c’est d’ailleurs bien affiché même dans les amendements des statuts de Sonelgaz qui, je l’espère, seront bientôt publiés, où il est dit que Sonelgaz doit assurer le développement des énergies renouvelables, notamment par la prise de participation et la création d’entreprises. Comme aujourd’hui Sonelgaz est un Groupe qui est constitué à la fois d’une industrie électrique, mais aussi d’une industrie de fabrication, nous allons initier et développer des unités de fabrication, soit à capital Sonelgaz, soit à capitaux mixtes, soit favorisées par le privé. Donc, nous, nous  avons un programme. Et par rapport à ce programme, il y a les trois technologies qui sont connues. Vous avez l’éolien, le solaire photovoltaïque et le solaire thermique. Sur les trois technologies, nous allons favoriser le développement d’une industrie locale. Toute notre stratégie va reposer là dessus.Et si on peut trouver avec les gens de Desertec un appui  pour travailler sur un mode sur comment favoriser, on verra, on travaillera là dessus.

-Est-ce que les discussions ont commencé sur ce projet d’accord de coopération ou mémorandum d’entente ?

Pour l’instant, non, on doit recevoir d’abord les représentants de Medgreen (ex: Transgreen) qui doivent venir chez nous. On a convenu d’une réunion en septembre pour définir aussi et éclaircir ce concept par rapport au rôle de Medgreen par rapport aux interconnexions. Mais de l’autre côté aussi, à Sonelgaz, nous travaillons avec les transporteurs de la Méditerranée, notamment les Italiens, les Maghrébins, les Espagnols et les Français aussi sur la création d’une association des transporteurs électriques de la Méditerranée pour justement voir ce qui manque aujourd’hui aux deux (Desertec et Medgreen). Si Medgreen veut s’occuper des réseaux, il lui faut bien un interlocuteur. Si Desertec veut discuter de transport et des interconnexions, il lui faut bien des interlocuteurs. Les interlocuteurs ne peuvent être que les opérateurs de réseaux. Et c’est pour cela  que nous voulons créer cette association. Ce sera un jalon de plus qui manquait à ces  deux initiatives.

Parce que ces initiatives doivent discuter à travers les opérateurs de façon, je dirais régionale, cela ne peut pas être uniquement des discussions de pays à pays. Parce que dès que l’on parle d’interconnexions, on parle d’intérêts communs. Et donc, une interconnexion doit être utilisée par plusieurs. L’Algérie est interconnectée avec le Maroc. Si demain l’Algérie a une interconnexion avec l’Espagne, les Marocains pourront l’utiliser. Comme nous utilisons, nous, l’interconnexion marocaine avec l’Espagne. Donc, on voit très bien que c’est un problème de coopération en matière d’interconnexion et surtout de voir quel pourrait être  le statut final de cet opérateur de réseau. Est-ce que ça sera une société méditerranéenne qui serait  propriétaire des interconnexions, de toutes les interconnexions de la Méditerranée ? Donc, on voit qu’il y a des questions et la coopération avec Medgreen et avec Desertec va surtout être axée sur ces choses-là.Bien sûr, on pourra aussi discuter de technologies.

-Des réserves ont été faites par un expert sur le solaire thermique et cet expert a avancé que la technologie des tours est meilleure...

Encore une fois, toutes les technologies aujourd’hui à la limite sont exposées... Le problème, c’est toujours par rapport au champ. Dès qu’on parle de solaire, il faut savoir que c’est à peu près 2 hectares par MW en moyenne. Deux hectares par MW, on a des tours, c’est très bien, des cheminées, mais de l’autre  côté, vous allez avoir  des surfaces entières, des hectares et des hectares, des kilomètres carrés  recouverts pour justement recueillir  ces rayons. Ce sont des espèces de serres. Pour gérer de grandes serres comme ça, il y a encore des défis technologiques à relever. Est-ce que vous imaginez un film de plastique déroulé sur le sable dans le sud juste pour recueillir la chaleur et l’air qui va aller se concentrer vers les tours.Il y a des problèmes d’ordre technologique qui sont là. Et je pense que l’Algérie est en train d’étudier aussi  la tour solaire. Je crois qu’il y a un bon projet, une très bonne initiative par l’Université de Blida, de recherche avec les Allemands.

La cheminée solaire du point de vue du concept c’est vrai, vous avez sur le plan du concept, de la théorie, oui, on recueille de l’air chaud et il va aller avec les mouvements ascendants. C’est une très bonne idée, la cheminée solaire. Mais encore, c’est une idée qui a 50 ans d’âge. Elle n’est pas nouvelle... Tout le monde parle du renouvelable aujourd’hui.Mais on ne l’exclut pas. Il y a encore des parts technologiques à faire, des parties, des routes, des chemins, combien cela va coûter ? Est-ce que tout l’environnement que vous allez faire pour la cheminée... est-ce qu’au final cela ne va pas coûter autant que les miroirs ? On n’en sait rien...

Le programme Algérien des énergies renouvelables 2011-2030

Le programme national des énergies renouvelables adopté par le Conseil des ministres au mois de février 2011 est décliné en trois étapes.

La première étape se déroulera sur les années 2011 à 2013, qui seront consacrées «à la consolidation des données à travers des études et des projets pilotes destinés à tester les différentes technologies à mettre en œuvre».
La deuxième étape est programmée pour les années 2014 et 2015, qui verront «le lancement substantiel des investissements requis qui seront accrus». «Et la dernière étape, de 2016 à 2020, sera celle du déploiement à grande échelle afin d’atteindre, à l’horizon 2030, la production de 22 000 Mégawats d’électricité par la voie d’énergies nouvelles et renouvelables, soit plus du double des capacités actuelles par le recours au gaz naturel». Une partie, soit 10 000 MW sera destinée à être exportée, avec toutefois une garantie d’achat à long terme. D’ici 2030, 40% de la production d’électricité destinée au marché national sera d’origine renouvelable.Malgré leur potentiel moins important que le solaire et l’éolien, la biomasse, la géothermie et l’hydroéléctricité seront développées.

Le programme prévoit la réalisation «d’une soixantaine de centrales solaires photovoltaïques et solaires thermiques, de fermes éoliennes et de centrales hybrides». Parallèlement au développement des  énergies renouvelables, d’autres actions sont prévues pour développer «l’isolation thermique des habitations, le chauffe-eau solaire, la généralisation de l’éclairage à moindre consommation d’électricité, la réduction de la consommation énergétique dans le secteur industriel, avec des incitations publiques, ainsi que le développement de la motorisation des  véhicules collectifs et particuliers par l’énergie gazière».

Il est prévu que ces actions permettront «d’économiser près de 600 milliards de mètres cube de gaz sur 25 années. La  moitié de ce volume sera ainsi conservée pour les prochaines décennies, alors  que l’autre moitié exportée générera pour le pays des recettes minimales supplémentaires estimées à 200 milliards de dollars au cours des 25 prochaines années. «Toutefois, ces actions nécessiteront des investissements importants.La stratégie du développement des énergies renouvelables sera basée sur la mise en place d’une industrie pour la fabrication des équipements avec l’objectif de créer 100 000 emplois.

Si la période 2011-2013 sera consacrée «à la maîtrise des connaissances et des technologies liées à ce domaine encore  nouveau, y compris au niveau mondial», le programme doit aussi aider «à promouvoir  une coopération avec tous les partenaires étrangers publics et privés disposés à  partager leurs connaissances et à œuvrer pour des associations fondées sur un partage équitable des bénéfices».
L’objectif étant de développer «des partenariats avec les groupes industriels internationaux spécialisés pour la production en Algérie des équipements et des technologies nécessaires aux énergies nouvelles et renouvelables».

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